Qu’est-ce que la solastalgie, cette vive émotion liée à la crise écologique ?

Qu’est-ce que la solastalgie, cette vive émotion liée à la crise écologique ?

15 mai 2020

La problématique écologique est devenue le cheval de bataille des Millenials. La nouvelle génération, bien consciente de ce qui se joue en ce moment-même pour notre planète, lève le ton. De plus en plus de personnes, générations confondues, viennent à développer des symptômes dépressifs liés à la crise écologique. C’est ce que le philosophe australien Glenn Albrecht appelle la solastalgie. 

La solastalgie, c’est quoi ?

Le terme de solastalgie vient du philosophe australien Glenn Albrecht. En 2003, il a forgé ce concept en observant une vague de déprime emportant les habitants de la Hunter Valley (Australie). L’industrie minière qui s’est développée là-bas a pollué la région et transformé le paysage. C’est de cette détresse écologique liée au sentiment de dépossession d’un territoire et de dégradation d’un lieu de vie dont parle le philosophe.

Ce nom a suscité beaucoup de réactions au niveau international. Notamment dans le milieu académique mais aussi au niveau des organisations politiques. Le groupe intergouvernemental du changement climatique a même décrit les effets potentiels et réels sur la santé mentale. Si certains scientifiques prévoient un véritable effondrement des écosystèmes, certains angoissent considérablement et cette émotion forte accompagne les bouleversements environnementaux qui se jouent dans certaines régions du monde. Dans son nouveau livre Les émotions de la Terre, Glenn Albrecht explique en quoi les activités humaines actuelles sur la planète (« l’anthropocène ») s’opposent aux principes de symbiose, de négociation, de sensibilité et d’émotions envers le vivant.

Femme et son chien a Hunter Valley

 Hunter Valley, Australie

Une théorie corroborée par divers spécialistes

Loin d’être marginale, la notion de solastalgie semble être rentrée dans les mœurs. Les travaux de l’Australien ont été corroborés en 2009 par une étude intitulée « Les liens entre la psychologie et les changements climatiques mondiaux ». Cette étude se concentrait principalement sur le coût émotionnel des détériorations de l’environnement (anxiété, désespoir, chagrin). Un des auteurs de l’étude est un spécialiste en écopsychologie (psychologie de l’écologie). Il explique que l’inconscient est le fruit de l’ignorance de nos instincts écologiques profonds. Ainsi la solastalgie entrerait dans cette logique. La santé mentale est donc une des victimes du changement climatique.

Et la collapsologie dans tout ça ?

Si la collapsologie n’est pas une science, elle prédit, elle, l’effondrement de notre civilisation. En France, la collapsologie est représentée par Pablo Servigne et Raphaêl Stevens, auteurs de Comment tout peut s’effondrer : petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, paru en 2015. Ses origines se trouvent dans le rapport The Limits of Growth (Les limites de la croissance) réalisé en 1972 par les chercheurs du MIT. Selon la collapsologie, l’homme impacterait clairement de façon négative la planète. La civilisation industrielle pourrait donc s’effondrer avant 2050 si on ne fait rien. La collapsologie n’est pas reconnue comme une science. Elle fait de plus en plus d’adeptes qui partagent cette même intuition.

La solastalgie pousse peut-être beaucoup d’individus à basculer avec la collapsologie en voyant chaque année la nature envoyer des appels. Et reprendre parfois de façon violente ses droits.

Ruines d'un temple cambodgien

 Krong Siem Reap, Cambodge

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